L’Exposition coloniale internationale de 1931
Vue générale du pavillon des Missions catholiques (à droite) et du pavillon des Missions protestantes (à gauche).
Plan de l’exposition.
Nota : Nous avons repris, pour respecter une certaine exactitude historique, les termes tels qu’ils étaient employés à l’époque, comme celui d’« Exposition coloniale ».
Le pavillon des Missions catholiques
Architecte Paul Tournon (1881-1964)
Au sein de l’Exposition coloniale, Raymond Delamarre a créé des sculptures pour le pavillon des Missions catholiques :
- la statue originale du Sacré-Cœur,
- les statues de quatre des huit « Béatitudes ».
L’inauguration a lieu le 10 juin 1931 en présence notamment du Révérend Père de Reviers de Mauny, de Paul Reynaud, ministre des colonies, du Cardinal Verdier, archevêque de Paris, du Maréchal Lyautey, et de l’Amiral Lacaze.
On remarque sur ces deux photos la statue du Sacré-Cœur au bas des marches.
Le cardinal Verdier et le cardinal Bourne en cappa magna devant l’autel, le 16 septembre 1931.
Œuvres de Raymond Delamarre pour le pavillon des Missions catholiques
Le Sacré-Cœur
Le Sacré-Cœur, en acajou de Cuba, d’une hauteur de 1,80 m, est dédicacé sur le socle « À la mémoire de Jean Brunhes, grand chrétien et grand cœur » (1930).
Par la suite, ce Sacré-Cœur fera l’objet d’une édition en plusieurs dimensions réduites, bronze ou plâtre (0,35 et 0,65 m), et terres cuites (0,32 m et 0,62 m).
Texte de Jean Patézon à propos du Sacré-Cœur
(texte intégral).
Les Béatitudes
Quatre « Béatitudes », sur les huit du Pavillon, en plâtre pour l’exposition, hauteur 2,60 m, ont été réalisées par Raymond Delamarre.
- Bienheureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu
- Bienheureux les pauvres en esprit car le Royaume des Cieux est à eux
- Bienheureux ceux qui pleurent car ils seront consolés
- Bienheureux les pacifiques car ils seront appelés enfants de Dieu
Les quatre autres « Béatitudes » pour le pavillon des Missions sont l’œuvre de Anne-Marie Roux-Colas, sculptrice.
Raymond Delamarre complétera plus tard ses quatre premières « Béatitudes » par quatre de sa conception, en bois, de demi-grandeur, en l’église de Saint-Martin-de-Ré (17).
- Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la Justice car le royaume des Cieux est à eux
- Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la Justice car ils seront rassasiés
- Bienheureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde
- Bienheureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu (Mathieu-V-1 à 12)
Enfin, pour l’édition, il reprendra les huit « Béatitudes », d’une hauteur de 0,55 m, en incluant un nouveau thème.
- Bienheureux ceux qui sont doux car ils posséderont la terre
Lettre de Raymond Delamarre à Georges Goyau datant du 12 février 1931 :
« Il fallait pourtant traduire matériellement, avec tout ce qu’une statue comporte de servitudes et de défini, de pures abstractions… ».
Ce sujet choisi, celui des « Béatitudes », est entièrement novateur à notre connaissance dans l’histoire de l’art sacré.
Autres réalisations relatives à L’Exposition
- Plaquette en bronze de format rectangulaire, comportant sur une face le profil du Maréchal Lyautey, commissaire de l’Exposition, sur l’autre l’évocation « EXPOSITION COLONIALE – PARIS 1931 ». La plaquette sera éditée en bronze de format 31,7 x 24,5 cm et 7,0 x 5,5 cm.
- Médaille en bronze, circulaire, de Lyautey (édition de la Monnaie de Paris). Diamètre de 68 mm, pour l’Académie des sciences coloniales.
- Bracelet-montre réalisée par M. Léon Leroy. Raymond Delamarre a participé à la création de cette montre en réalisant le portrait du Maréchal Lyautey qui se trouve sous un couvercle. Cette montre fut offerte par la ville de Paris au sultan du Maroc à l’occasion de sa visite le 6 août 1931.
- Buste du Père Daniel Brottier, père du Saint-Esprit, missionnaire au Sénégal, puis responsable des Orphelins apprentis d’Auteuil. Décédé en 1936. Ce buste exposé dans le musée des Colonies, Porte Dorée, figurerait aujourd’hui dans les collections du Quai Branly.
Projets sans suite
- Une douzaine de petites médailles émaillées, représentant des thèmes notamment africains, asiatiques ou polynésiens. Réalisées concrètement, elles ne furent pas éditées en grand nombre, semble-t-il. Diamètre de 1,5 cm avec petit anneau pour accroche.
- Croquis pour l’entrée de l’Exposition : quatre colonnes représentant les quatre continents. Et deux éléphants colossaux !
Situation actuelle des œuvres qui ont pu être conservées
- Musée des Années 30, espace Landowski, 27 avenue Morizet, 92100 Boulogne-Billancourt.
Exposition permanente des huit « Béatitudes », en plâtre, hauteur 0,55 m.
En réserve, le Sacré-Cœur, en plâtre, hauteur 1,80 m. - Église Notre-Dame-des-Missions, 102 avenue Joffre, 93800 Épinay-sur-Seine.
Cette église a repris, avec quelques adaptations, le pavillon des Missions (par le même architecte, Paul Tournon). À l’intérieur sont placées les quatre « Béatitudes » précitées, en pierre, datant de 1933. Une association, « Les Amis de l’Église Notre Dame des Missions », même adresse, concourt à la restauration de monument classé Monument Historique, y compris ses statues. - Église du Sacré-Cœur à Dijon, Côte d’or.
La statue originale du Sacré-Cœur, en bois, a été placée près de l’autel. - Église Saint-Antoine de Padoue, Paris 14e.
Un exemplaire du Sacré-Cœur en plâtre. - Église Jean Bosco, 42 rue Planchat, Paris 20e, crypte.
Un exemplaire original de la « Béatitude » « Bienheureux les pacifiques… » exposée en 1931, 2,60m de hauteur. - Musée des Beaux-Arts de Montréal, Canada.
Sacré-Cœur de 0,65 m. - Église Saint-Blaise, à Vichy.
Sacré-Cœur placé contre la tribune des orgues.
Tract des surréalistes contre l’Exposition coloniale.
Clin d’œil aux surréalistes, et notamment à André Breton, qui, en 1931, se prononcent contre l’Exposition coloniale, dénonçant entre autres ses visées impérialistes.